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Et moi, je le suivrai ; mon cœur n’est pas lassé.



L’Univers.

Une femme m’a perdu, une femme m’a sauvé.



Le Christ.

Oui, cette voix t’a sauvé, Ahasvérus. Je te bénis, le pèlerin des mondes à venir et le second Adam. Rends-moi le faix des douleurs de la terre. Que ton pied soit léger ; les cieux te béniront, si la terre t’a maudit. Porte à ta main, au lieu de ton bâton de voyage, une palme d’étoiles. La rosée du firmament te nourrira mieux que la citerne du désert. Tu frayeras le chemin à l’univers qui te suit.

L’ange qui t’accompagne ne te quittera pas.

Si tu es fatigué, tu t’assiéras sur mes nuages.

Va-t’en de vie en vie, de monde en monde, d’une cité divine à une autre cité ; et quand, après l’éternité, tu seras arrivé de cercle en cercle à la cime infinie où s’en vont toutes choses, où gravissent les âmes, les années, les peuples et les étoiles, tu crieras à l’étoile, au peuple, à l’univers, s’ils voulaient s’arrêter : monte, monte toujours, c’est ici.



Mob.

Et moi, seigneur, faut-il aussi le suivre ? Qu’aurai-je pour salaire ?



Le Christ.

Tu n’as plus ni faux ni aiguillon pour presser ton cheval. D’un bond, redescends sur la terre.

étreins-la de tes ailes, et couve ton néant pendant l’éternité.



Les Peuples.

écoutez le chant d’Ahasvérus, qui continue de marcher.



Ahasvérus.

Adieu, mon père ; adieu, mes frères. Entendez-vous ? Le seigneur m’a pardonné. Mon voyage recommenc