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e lambeau de ma bannière, et votre niche vermoulue. Mieux que ce sanglot de l’univers qui monte jusqu’ici, j’aime votre écusson de bronze, votre bible de pierre, vos foudres, vos nuages, et ce globe du monde, que les empereurs m’ont donné.



Saint Marc.

à présent, saint Jean, voici votre aigle.



Saint Jean, à l’aigle.

D’où viens-tu ?



L’Aigle.

Du sommet du Golgotha.



Saint Jean.

Pourquoi si tard ?



L’Aigle.

Les oiseaux du néant qui, du bord de leurs nids, s’abattent avec leurs cous de vautours sur le cadavre du monde, me fermaient le passage. La terre était pareille à l’aire d’un aigle du Taurus, quand un homme a emporté ses aiglons pour amuser ses enfants. L’ombre de mon envergure ensanglantait les cimes où je passais.

Déjà les morts ressuscités germaient partout à travers le gazon. Les rois, comme un épi de blé, perçaient, en se relevant, les touffes d’herbes de leurs tombes, avec les pointes de leurs couronnes. Leur barbe tombait jusqu’à leurs pieds, et faisait sept fois le tour de leurs tables de pierre. Ils chantaient sans avoir peur : " nous avons germé pendant l’hiver dans notre sillon. Voici que notre été va commencer. Nous avons trouvé, en voyant la lumière, nos diadèmes tout éclos sur nos têtes, et nos sceptres qui verdissaient sur notre tige. Nous n’avons plus qu’à attendre la rosée du matin pour boire notre bonheur dans nos coupes de printemps. " au bord des chemins, les peuples s’asseyaient sur leur séant, la tête sur leurs coudes. Les larmes