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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

n’ont affaire qu’à l’Université dans son ensemble, à elle seule. Outre les tutors publics nommés dans chaque collège, à raison d’un par douze ou vingt étudiants, il y a aussi des tutors tout à fait particuliers, au service des étudiants qui ont besoin d’aide spéciale et extraordinaire, dans des conditions qu’ils fixent entre eux de gré à gré. Le collège ne s’informe point de ces personnes ; il ignore même leur existence, mais entre ces deux classes de tutors, les jeunes gens les plus studieux, ceux qui sans doute tireront le plus grand profit des leçons faites par les professeurs, ont leur temps occupé d’une manière assez austère. L’on peut conclure de tout cela non seulement que la marche d’une éducation d’Oxford aurait peu à souffrir, si les chaires de Professeurs n’existaient pas, mais encore que si les Professeurs en fonction donnaient ex abundanti l’exemple d’un dévouement à leur tâche, le spectacle de leur ardeur serait sans doute très édifiant pour l’Université, sans pour cela contribuer beaucoup à la réalisation des objets que comporte la vie académique. Le corps des Professeurs est, en fait, une affaire d’ornement, de pompe. Partout ailleurs ils sont les serviteurs du travail, mais à Oxford, les fonctionnaires qui leur correspondent portent un autre nom : ce sont les tuteurs. Ce sont eux qui forment les rouages actifs du système d’Oxford. Quant aux Professeurs, dont le salaire, en bien des cas, est purement nominal, ce sont des personnes qui s’isolent, et qui ont raison de s’isoler pour cultiver dans la solitude et faire avancer la science, et celle-ci est distribuée par d’autres hommes d’une classe différente.

Arrêtons-nous ici un moment, pour remarquer