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DU MANGEUR D’OPIUM

la dernière quinzaine de décembre 1803, pendant qu’une tempête de neige des plus terribles, s’annonçait déjà, un paresseux omnibus, parti de Birmingham, à l’allure de quatre milles et demi à l’heure, m’amena par le long faubourg du nord d’Oxford, à une piteuse hôtellerie de diligences, située sur le marché aux grains. Il ne pouvait être question d’arrangements d’affaires à cette heure. Mais le lendemain je réunis toutes les personnes que je connaissais, ou que je croyais connaître à l’Université, et quand elles furent rassemblées en conseil, je leur posai une première question : quel collège devais-je choisir, d’après les données qu’elles possédaient ? Cette question aboutit à préciser le premier trait caractéristique d’Oxford, celui qui la distingue de la plupart des autres Universités. J’avais devant moi, à ce moment, plusieurs journaux qui rapportaient en grand détail l’installation officielle du duc de Wellington comme Chancelier. Le compte-rendu parti d’Oxford même ayant mentionné incidemment le collège d’où le cortège officiel était parti, avait dit sans doute que les portes de l’Université, les halls de l’Université allaient bientôt s’ouvrir à deux battants. Mais la plupart des directeurs de journaux provinciaux, ne comprenant pas qu’il s’agissait des portes, des halls d’un certain collège qui portait spécialement le nom d’University College et qui est tout simplement l’un des vingt-cinq établissements de ce genre à l’Oxford, avaient cru faire une rectification en parlant des portes de l’Université. C’est là l’erreur que commettent d’abord tous les étrangers. Et ce trait spécial d’Oxford est celui qui a arraché tant de cris d’étonnement aux étrangers. Aussi Juste-Lipse proclama