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DU MANGEUR D’OPIUM

un bassin pour tous, et ce bassin était apporté dans la salle à manger. Deux ans s’étaient à peine écoulés que nous disposions de quatre cuvettes avec leurs accessoires, le tout rangé de manière à correspondre aux quatre places d’intérieur ; et comme l’habitude de voyager sur l’extérieur de la voiture se développait parmi les classes plus aisées, on voyait se multiplier de même, les améliorations, bien que de nos jours même, il ait survécu bien des choses d’alors, grâce au principe originellement aristocratique qui présidait à la construction des voitures publiques, de sorte que sur les malles-poste, on voit régner de nos jours encore la plus scandaleuse indifférence au confort, et même à la sécurité des voyageurs du dehors. Le plancher verni et glissant de l’impériale suffit pour faire de l’altitude assise un effort, une cause d’inquiétude. La petite galerie de fer d’environ quatre pouces de hauteur ne peut pas servir à autre chose qu’à vous briser la cuisse. Parallèlement à ces progrès dans les choses qui tiennent à la propreté, d’autres réformes s’opéraient sans bruit dans toutes les branches de l’économie domestique. Dès le règne de Georges II, la poussière était plus rare, elle ne tarda pas à devenir une curiosité pour les antiquaires : les cuvettes et les vases de nuit — perdirent leur air farouche, et parurent aussi propres que dans la demeure d’un gentleman. Et à la fin, tout l’édifice fut si complètement aéré, purifié, que dans tous les bons hôtels, je dirai même les hôtels de second ordre, en général on retrouve ce qui caractérise les intérieurs les mieux tenus au point de vue de la propreté et de l’ordre.