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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

grande route du Nord, comme on l’appelle encore de préférence, qui passe par Doncaster et York, et va de la capitale du sud de l’île à la capitale du nord. Mais les routes moins fréquentées étaient passables pour un cavalier ; toutes, d’autre part, avaient été tracées sans aucun soupçon de l’ampleur et de la largeur des futures voitures, de 1500 à 1700, en écorchaient les panneaux latéraux pendant tout le parcours. Au dix-neuvième siècle même, j’ai entendu citer le fait, mais bien entendu à propos d’un endroit peu fréquenté de l’Angleterre, d’une chaise de poste qui ne dépassait pas les dimensions fort étroites de ces véhicules, et qui néanmoins fut obligée de retourner à quatorze milles en arrière, quand elle arriva à un pont construit en un siècle lointain, où on ignorait l’existence des chaises de poste, où on n’en prévoyait pas même l’apparition. Ce pont était malheureusement trop étroit de trois ou quatre pouces. Dans toutes les provinces anglaises où le sol était profond et collant, un inconvénient pire encore attendait les grands équipages.

Un Italien distingué, qui a laissé un récit de sa périlleuse aventure, visita ou entreprit de visiter dans les environs de Londres, Petworth, (qui était alors la résidence des Percys, et est aujourd’hui celle de Lord Egremont). C’était vers l’année 1685. Je ne me rappelle plus au juste combien de fois il versa dans l’espace de cinq milles, mais je me souviens qu’il trouva un sujet de gratitude, (et un sujet d’espérance, attendu qu’il se proposait de revenir) dans la mollesse du sol qui formait ce terrain marécageux d’air si débonnaire. C’était là évidemment une route favorite (vil faiseur de jeux de mots, ne t’imagine pas que je songe à