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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

haute dans sa pureté et sa sainteté. Et pourtant, d’après notre mythe biblique, elle naquit de la terre et du ciel, alors que l’homme tira son origine directe du ciel. De là l’invocation de Milton :


Fille de Dieu et de l’homme, Ève parfaite.


Et conformément à cette conception, nous apprenons par le même oracle authentique, que pendant que l’homme fut « formé par Dieu seul » elle au contraire fut formée par « Dieu en lui ». Il emprunta directement à la divinité son rayonnement, la femme n’en eut que le reflet transmis par lui. Après tout, ce sont là considérations trop subtiles. Mais une vérité de la valeur la plus étendue, c’est que la domination de la femme sur l’homme est d’autant plus puissante que la nature de la femme est plus élevée ; que si la femme règne despotiquement, ce n’est jamais grâce à son image abstraite de sa réalité actuelle, mais au moyen de son idéal, qui est antérieur à toute existence réelle ; que s’il n’y avait pas d’autre moyen de prouver le vide et le faux de la base sur laquelle reposent l’existence des sauvages et celle des Musulmans, qu’en montrant combien est basse et abjecte la conception féminine que comportent ces formes de société humaine, cela seul suffirait pour nous permettre de réfuter le superficiel paradoxe qui a été inventé pour masquer ces hideuses dégénérescences de l’homme ; enfin que telle est la femme, tel est aussi i’homme ; que chacun des deux sexes est l’antipode et l’exacte contre-partie de l’autre, la femme ne peut être autre qu’une créature déchue, là où l’homme n’est point élevé. Cette dernière remarque, je la fais afin qu’en rendant hommage à l’autre sexe, et en glorifiant l’in-