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DU MANGEUR D’OPIUM

ques au fond, mais chacune naquit d’occasions distinctes et fut attisée par des excitations directes ; chacune eut ses chefs particuliers et ses agents locaux. L’une fut l’explosion prématurée du grand complot organisé pendant les cinq années précédentes par la Société des Irlandais Unis ; l’autre fut un effort spontané pour soutenir une invasion étrangère soudaine et inopportune. Les causes générales qui prédisposaient à la rébellion furent sans doute les mêmes dans les deux cas, mais les causes occasionnelles du moment furent différentes pour chacune. Et enfin, il y eut entre les deux un intervalle de deux grands mois.

Une circonstance très remarquable qui fut commune à ces deux révoltes distinctes de 1798, ce fut la brièveté du temps de leur durée. Ni l’une ni l’autre ne dépassèrent l’espace d’un mois lunaire. Si extraordinaire que soit le fait, il n’en est pas moins certain que chacune d’elles, bien qu’elle fût une parfaite guerre civile dans toutes ses proportions, féconde en incidents militaires, et la première pleine d’incidents tragiques, passa par toutes les phases de la croissance, de la maturité, et de l’extinction finale, dans le cours d’une seule révolution lunaire. En effet, tous les mouvements des rebelles, après la matinée de Vinegar-Hill, doivent être considérés non point comme des manœuvres dont on attendait un résultat stratégique, mais comme des convulsions désespérées qui avaient leur principe dans l’esprit de conservation, dans le seul but d’atteindre un terrain où on aurait ses coudées franches et d’autres conditions avantageuses pour une dispersion générale.

Je me suis étendu assez longuement sur la campagne du Connaught, parce que ma résidence dans