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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

d’une manière honorable et courageuse. « Pourtant, dit l’Évêque, le pauvre commandant n’eut guère lieu de se féliciter du traitement qu’il subit aussitôt après l’engagement. Il était retourné au château pour prendre son sabre, et il le tenait en s’avançant vers la porte, pour le remettre à quelque officier anglais, quand son arme fut saisie et arrachée de ses mains par un simple soldat de la troupe de Fraser. Il rentra, trouva un autre sabre, qu’il remit à un autre officier, puis revint dans le vestibule. À ce moment un autre Highlander entra de force, malgré la sentinelle que le général avait placée à la porte, et tira sur le commandant un coup de feu qui eût pu être mortel, car la balle passa sous son bras, traversa de part en part une porte très épaisse, et se perdit dans un des montants. Si nous avions eu le malheur de perdre ce brave homme, sa mort eût gâté tous les plaisirs que nous goûtions alors. Il se plaignit et reçut les excuses de l’officier pour la conduite du soldat. On donna aussitôt aux trois officiers français laissés à Killala, la permission de garder leurs épées, leurs effets, et même leurs chambres à coucher dans la maison. »

Ainsi se termina la guerre irlandaise de 1798, ou si l’on veut la désigner par ses limites locales, la guerre civile du Connaught. Mais en 1798, l’Irlande fut le théâtre de deux révoltes : l’une en automne, qui fut bornée au Connaught ; c’est celle que j’ai racontée en détail, — et une autre sur la fin du printemps, laquelle épuisa sa rage sur le comté de Wexford. Ces deux guerres n’étaient pas en rapport immédiat ; celle du Connaught ne fut point produite par celle qui l’avait précédée, chacune d’elles devait son origine à des causes identi-