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DU MANGEUR D’OPIUM

sacrifice d’hommes, d’armements et d’approvisionnements.

En entendant les propos des deux partis, quand ils revenaient sur le sujet des dangers et incidents tragiques de cette époque, qui n’était séparée de nous que par moins de deux ans, je fus conduit naturellement à m’informer auprès des personnes qui avaient joué un rôle dans l’agitation. Il y avait de tous côtés des souvenirs, et même dans nos chambres à coucher des traces de la visite des Français, car ils avaient occupé W — house, en assez grand nombre. La ville la plus importante de la contrée où nous nous trouvions était Castlebar, éloignée d’environ onze milles irlandais. Ce fut de ce côté-là que les Français dirigèrent leurs efforts dès le commencement. Par une marche rapide, et avec l’air de bravade qui leur était ordinaire, ils obtinrent tout d’abord un succès qui parut étourdissant à leur insolente vanité, et qui fut longtemps après un sujet de mortification amère pour notre armée. Si à cet endroit on eût fait preuve d’une énergie égale à celle de l’ennemi, ou proportionnée à la supériorité réelle du courage de nos troupes, les Français auraient été contraints de déposer les armes. L’expérience de cette époque prouva néanmoins combien est insuffisante une armée, si bien composée qu’elle soit, lorsque ses qualités militaires n’ont point été développées par la pratique, et combien le courage le plus grand, quand il n’est pas exercé, est sujet à de soudaines paniques. Cette pointe fanfaronne, qui eût été anéantie entièrement par un seul bataillon des troupes qui combattirent en 1812 et 1813 au delà des Pyrénées, eut un succès complet.

L’évêque de ce diocèse, le Docteur Stock, et