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DU MANGEUR D’OPIUM

rôle d’animer la société ou donner de l’activité au commerce local de Dublin. On commença à trouver scandaleuse la conduite de ceux qui ce laissaient voir en ville, En effet, il ne restait plus personne, si ce n’est deux cent mille individus qui jamais ne portèrent ou ne songèrent à porter l’hermine. Il ne resta en Irlande rien qui pût y attirer, si ce n’est les attraits que ni le roi ni les deux Chambres ne peuvent supprimer d’un commun accord, c’est-à-dire la beauté de ses vertes campagnes. Je parle de la région que je connais le mieux, — le paysage de l’ouest, et surtout du Connaught, et dans le Connaught, le comté de Mayo en particulier.

Dans ce comté-là, ainsi que dans le comté limitrophe, étaient situés les vastes domaines de Lord A —, dont la résidence de famille et le beau parc se trouvaient dans le comté de Mayo. Nous nous y rendîmes en un voyage lent et de nombreux détours, car il n’y avait plus rien qui nous retînt loin du but auquel n’eus avions aspiré ardemment pendant les chaleurs de l’été, et parmi les splendeurs de la capitale, Nous ne faisions chaque jour qu’un court trajet, et nous nous arrêtions toujours chez quelque ami personnel. J’eus ainsi l’occasion de voir de près et de loin la vieille noblesse et la gentry irlandaises, et d’une manière plus intime que je ne l’avais espéré. Aucune des expériences de toute ma vie ne fut plus intéressante et plus fertile en surprises.

Dans un petit ouvrage, qui n’est pas très connu, dont Suétone est l’auteur, et qui est bien le recueil le plus attrayant qui nous reste de l’ancienne littérature romaine, il est dit incidemment que nombre de livres, nombre d’idiomes, et bien des