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le point de départ d’une longue série de jours attristés par l’orgueilleuse obstination d’un côté, et les résultats qu’elle produisit grâce à ma propre folie de l’autre côté. Aussitôt que mon tuteur se fut retiré, M. Lawson prit dans son bureau un volume du Spectateur, et me pria de mettre en aussi bon latin que possible quelques pages de Steele, à peu près le tiers d’un numéro. Le hasard ne pouvait suggérer une meilleure occasion pour attester toute l’étendue de mes forces comme latiniste. Ici je dois quelques explications. Dans la précédente édition de ces Confessions, qui avaient été écrites trop à la hâte, et d’une manière trop peu précise dans les détails sans importance, j’ai produit une impression qui n’était pas dans mon dessein, en ce qui regarde le vrai caractère de mes aptitudes comme helléniste. Je dois atténuer de la même manière ce qui est relatif à la faculté plus limitée qui était l’objet de mon examen actuel. En grec, aussi bien qu’en latin, mes connaissances n’étaient pas étendues ; à mon âge cela était impossible, et il y en avait une autre cause toute particulière ; à cette époque il n’existait aucun guide qui pût nous conduire avec sûreté dans les jungles épineux du latin, et à plus forte raison, du grec. Quand j’aurai dit que la grammaire grecque de Port-Royal traduite par le docteur Nugent était la seule clef que nous possédions en Angleterre pour les innombrables difficultés de la construction grecque, et que pour la res matrica, l’estimable Thesaurus de Morell, n’ayant pas été réimprimé, se trouvait rarement, le lecteur conclura que la force d’un écolier comme helléniste ne pouvait être que peu de chose. Et la mienne était fort peu de chose. Mais entendons-nous : Qu’est-ce qui était peu de chose ? c’était seulement ma connaissance du grec, et cette connaissance a des limites extrêmement étendues. Il n’en était pas ainsi de ma possession du grec. La connaissance est toujours presque proportionnelle au temps qu’on y a consacré, et par conséquent proportionnelle sans doute à l’âge de l’étu-