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au travers du feu sans qu’il lui nuise. C’est pourquoi la chasse de cet animal, qu’il appelle âne sauvage, est permise à leur Roi seulement49. Ce qui fit répondre à Appolonius50 étant interrogé s’il croyait toutes ces vertus qu’il y aviserait quand il aura vu les Rois d’Inde qui s’en servent seraient immortels. Ajoutez à cela qu’il n’est pas croyable que les Romains s’étant rendus tout le monde accessible par leurs armes, et l’un de leurs plus grands soins ayant été de réjouir le peuple par des spectacles de bêtes les plus rares, n’eussent plutôt oublié de leur faire voir des Licornes s’il n’en eut eu, que tant d’autres jusqu’alors inouïes. Mais quand il y aurait une Licorne, je n’estime pas que ses vertus fussent telles qu’on les décrit, n’étant appuyées d’aucune autorité, non seulement d’Hippocrate et de Galien mais des auteurs anciens51. Ce qui faisait dire au Médecin du Roi Charles IX qu’il eût ôté cette coutume de tremper dans la coupe du Roi un morceau de cette corne, sinon qu’il profite de laisser quelque semblable opinion dans les esprits vulgaires52. Aussi les marques qu’on lui donne sont de même nature que tout le reste, équivoques, incroyables et ridicules. Car ils veulent qu’on discerne les vraies cornes d’avec les supposées, par les bouillons que la véritable excite en l’eau lorsqu’elle y est jetée : ce qui est toutefois commun à tous les cors poreux, tels le sont les os, notamment ceux qui sont passés par le feu, comme aussi la chaux, la brique, et telles autres choses, où il a laissé des cavités. D’autres en font le discernement, donnent de l’arsenic à un coq, ou un petit chien : ils font avaler ensuite la poudre de cette corne, qui doit seulement les en garantir, mais presque les ressusciter étant morts, et cependant tout ce qui s’en recueille est que l’on voit mourir plus tard les animaux qui ont pris cet antidote que les autres53. Ce qu’étant supposé arrive de l’astriction que tout corne apporte à l’orifice de l’estomac et des autres vaisseaux qui diffère l’exhalaison des esprits. L’épreuve de quelques empiriques est encore plus ridicule : lesquels se vantent qu’ayant décrit un cercle sur une table et mis au milieu un scorpion ou une araignée, jamais ni l’un ni l’autre ne peuvent sortir de ce cercle, et les tenant un quart d’heure à l’ombre de cette corne les y font mourir sans l’aide d’aucune autre chose : ce qui n’est point ou doit venir d’ailleurs que de leur corne54. Quelques uns y ajoute que cette corne même sue en présence du venin. Ce qui semble absurde car le venin devrait pâtir du contre poison et en ce cas le contrepoison souffre du venin qui serait par ce moyen le plus actif, et par conséquent