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Maximilien, assure en avoir vu des troupeaux entiers dans l’Arabie déserte, et Paulus Venetus[1] dit aussi qu’au Royaume de Basman, il y en a des troupeaux, et qu’ils sont presque aussi grand que l’éléphant, ayant les pieds de même qu’eux, le poil de chameau[2], la tête de sanglier et qu’ils aiment la fange comme les pourceaux. Les auteurs ne sont pas moins divers sur la façon de vivre que l’on représente de telle manière que cet animal ne pouvant paître à cause de sa corne, il ne vit que de rameaux et de fruits d’arbres, ou de la main des hommes[3], et surtout de belles filles dont ils feignent être amoureux[4] : ce que d’autres estiment fabuleux. Quelques uns croient que cet animal a bien été, mais ne se trouve plus ayant péri dans le déluge, et que ces cornes que l’on trouve, la plupart en terre, se sont conservées depuis ces temps là, comme l’ivoire fossile, et les autres parties des animaux qui se rencontrent sous terre par les diverses mutations de ces éléments[5]. Et s’il se trouve de la variété en la description de cet animal : il n’y en a pas moins aux cornes que l’on veut nous faire passer pour être de Licorne. Celle qu’on montre à Saint Denis en France22 a environ sept pieds de haut, pèse treize livre quatre onces, et finit en point d’une base plus large en forme de vis, ou environnée d’une ligne spirale, étant de trois façons différentes : ce qui fait soupçonner mal à propos qu’elle est artificielle23. Toutefois elle ne se rapporte aucunement à celle dont parle Elien24, de telle grosseur qu’on peut en faire des vases25. Celle de Strasbourg26 a bien quelque conformité avec celle de Saint Denis, mais celle de Venise27 est bien différente de toutes les deux, comme celle décrite par Albert le Grand28 est diverse de toutes. Car elle est, se dit-il, solide comme celle du cerf, de dix pied de haut, et fort large à sa base. Les Suisses en ont aussi une, autrefois trouvée au rivage d’un fleuve près de Bruges29, longue de deux coudées, jaunâtre en sa surface, blanche en dedans, et odorante, même en étant allumée30. Celle qu’on garde à Rome31 n’a pas un pied de hauteur de quoi le gardien rapporte la cause au fréquent usage auquel on l’a mise, se servant de sa raclure contre les poisons, et d’ailleurs elle est unie et luisante comme l’ivoire32. Aldroüandus (Ulysse Aldrovandi33)34 qui a compilé un traité fort ample de cette matière comme de tout ce qui concerne les autres animaux, dit en avoir vue une à Niclasbourg si grande qu’elle ressemblait plutôt à un os de baleine qu’à une corne35. Becanus (Jan Van Gorp ou Goropius Becanus), médecin de la Reine de Hongrie36, parle d’une qui était à Anvers de sept pieds de haut, tellement attachée au crâne

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