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DE L’IMITATION.

est en effet de ce qui paroit être ; et ceci peut s’appliquer aussi à la ressemblance : celle qui appartient à l’image n’est autre chose qu’une apparence de ressemblance.

C’est la répétition identique d’un objet qui produit la ressemblance qu’on peut appeler réelle, et qui par cela même ne sauroit nous procurer de plaisir ; car on a déjà vu que le plaisir de la ressemblance provient de la comparaison de deux objets. Mais dans les ressemblances par identité, il n’est pas vrai, moralement parlant, qu’on voie deux objets ; on voit deux fois le même.

Il est au contraire de l’essence de l’imitation des beaux-arts, de ne faire voir la réalité que par l’apparence. Voilà les deux objets distincts. Le plaisir de la ressemblance va résulter du parallèle même de ce qui est le modèle, avec ce qui en est l’apparence ou l’image. Dès que la condition de l’imitation est qu’il y ait lieu à comparaison, et dès que l’action de comparer cesse par la présence de l’identité, il faut que nous sachions que ce qui nous est offert par l’imitation, n’est qu’une apparence de l’objet.

Et tel est le caractère fondamental et élémentaire de la ressemblance qui appartient à l’image, c’est-à-dire à l’œuvre de l’imitation dans les beaux-arts.

Concluons que l’imitation ne seroit plus imitation, mais répétition identique, si elle étoit propre à reproduire la ressemblance réelle de l’objet, c’est-