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DE LA NATURE

PARAGRAPHE X.

Continuation du même sujet.
SECONDE ERREUR DE L*ARTISTE.
Elle consiste à chercher la vérité au-delà des limites de chaque art, par un système de copie servile, qui enlève à l’imitation ou à l’image, cette partie fictive qui en fait f essence et le caractère.

Puisque imiter, est produire la ressemblance d’une chose dans une autre chose qui en devient l’image, il est sensible que l’imitation propre des beaux-arts n’admet, et ne peut admettre que les apparences des choses. Or y toute apparence due à l’art est plus ou moins fictive. Autant doit-on en dire du genre de vérité qui appartient à la ressemblance imitative. C’est de la vérité, mais une vérité par fiction. (Ex ficto verum.)

On a vu comment la prétention à une ressemblance entière, interdite à l’image nécessairement partielle, porte l’artiste à convoiter hors du cercle de son art, des ressources étrangères, qu’il ne sauroit se rendre propres. Montrons maintenant, comment l’ambition tout aussi illusoire d’une vérité mal entendue, pousse l’imitateur dans un excès opposé, et le retenant en-deçà des limites naturelles de son art,