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encore tous les détails. Jouir d’un bel ouvrage de la nature ou de l’Art, n’est autre chose qu’en saisir facilement tous les rapports. Or cette étude de l’âme veut que le calme règne autour d’elle, et ce calme ne s’obtient en entier que par un certain isolement de l’ouvrage, isolement qui produit le recueillement du spectateur.

Il est des Arts, je le sais, dont la jouissance s’accroît et se renforce par le concours même des spectateurs. Mais qu’on y prenne garde, c’est qu’ici le concours dont il s’agit produit le même effet sur l’âme que l’isolement dont je parlais tout à l’heure. Car, dans les représentations scéniques, rien ne tend plus à fixer votre attention, à ouvrir votre âme aux impressions du spectacle, à écarter toutes les distractions, que cette sympathie d’attention et d’admiration qui résulte au théâtre, du contact d’un nombreux auditoire. Loin que cette foule fasse diversion à l’objet de l’imitation, elle vous y entraîne, elle donne à la faculté de jouir l’élan d’un mouvement plus rapide.

Ce n’est pas, au reste, que j’aie prétendu prescrire l’isolement comme un moyen absolu de plaire dans les ouvrages des Arts du dessin. Ces Arts ne brillent souvent aussi que par leur réunion, et par les savantes combinaisons de leurs