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plus que les curieux ! Ce sont des monnaies qui n’ont plus cours que parmi les savans. Ainsi, comme on l’éprouve tous les jours, ils se trouvent condamnés au tribut d’une stérile admiration, tous ces morceaux épars, tous ces restes mutilés de l’antiquité, ces dieux sans autels, ces autels sans adorateurs, ces signes d’honneur sans signification, ces cippes privés de motifs, ces sarcophages vides d’affections, où l’antiquaire va chercher de l’érudition, mais auxquels votre âme demanderait en vain des émotions. Ils sont là trop étrangers à leur de destination première.

Que si, au contraire, sur les bords de ces antiques voies de l’ancienne capitale du monde ; si pami les ruines de quelque ville détruite, la main du temps, ou celle des hommes, plus destructive encore, a épargné la pierre funéraire que le lierre ou quelque arbuste sauvage ont mis à l’abri de la violation, avec quelle émotion vous vous arrêtez devant cet éloquent témoin de la grandeur et de la faiblesse de l’homme ! Comme tout vous y rappelle sa puissance et son néant ! Avec quel secret plaisir vous y surprenez quelques caractères luttans encore contre la destruction ! Et si quelques restes de figures à demi-effacées sont demeurés fidèles à la vanité, leurs traits s’imprimeront