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l’artiste ne saurait ni commander, ni suppléer. Ce caractère consistait en ce que certaines idées données se trouvaient constamment eu rapport avec certaines modulations déterminées, de manière que chaque nature de chant, même indépendamment du plus ou du moins de talent d’exécution, indiquait, sans équivoque, à quelle espèce d’objets elle était destinée. Nous avons une faible tradition de cette manière, dans certaines cantilènes religieuses. Sans art et sans presque aucune science de composition, il en est qui produisent un effet que cherchent et n’obtiennent pas toujours les plus grands maîtres par les plus savantes combinaisons.

La musique avait donc, chez les anciens, des rapports plus positifs avec les sentimens ou les idées qu’elle exprimait. Dès-lors son langage était mieux compris qu’il ne l’est chez les modernes, où très-peu d’institutions morales et politiques reçoivent d’elle des secours, et où très-peu lui en donnent. La musique religieuse, la musique guerrière, la musique théâtrale, différaient, par exemple, entre elles, non-seulement dans leur objet, mais encore par la nature des lieux, des acteurs, des fêtes et des cérémonies où elles étaient introduites ; et l’on se figure aisément