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Sans prétendre expliquer ces effets, qui tiennent au mystère de la liaison de notre âme avec nos sens, il doit suffire de les reconnaître, et la théorie des Arts n’a point de fondement plus sûr. Nous coopérons tellement aux effets que nous recevons des belles choses, que l’artiste entend le mieux qu’il est possible ses intérêts, lorsque, fondant sur notre concours et notre participation l’entier succès de ses moyens, il peut parvenir, non-seulement à mettre ses ouvrages et leurs effets d’accord avec nous, mais à nous mettre nous-mêmes d’accord avec eux. Là est la plénitude des impressions et du pouvoir de l’Art.

L’artiste, j’en conviens, n’est pas toujours le maître d’ordonner, autour de ses productions, ce concert moral et cet accessoire intellectuel de rapports qui nous mettent en harmonie avec les sensations qu’il voudrait produire. Beaucoup de ces observations aussi s’adressent moins à lui qu’à ceux qui ont le pouvoir ou de coordonner tous les effets dont je parle, ou du moins de ne pas rompre cette harmonie là où elle existe.

S’il est un Art surtout auquel il convienne de s’environner de toutes les causes qui déterminent la nature des impressions propres à mettre notre âme d’intelligence avec lui, et qui la