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souvent, sont susceptibles d’être rectifiées par le lecteur intelligent. Un inconvénient plus grave de ce livre, selon nous, ce sont les nombreux suppléments qui le morcellent, et qui y rendent les recherches incertaines et rebutantes. Toutefois, nous aimons à rendre hommage au mérite de la France littéraire : ce mérite nous semble d’autant plus grand, que l’auteur était privé des ressources nombreuses dont nous sommes aujourd’hui entourés, et qu’il y suppléa à l’aide de ses correspondances avec plusieurs savants de Paris, profondément versés dans l’histoire littéraire de l’époque de la révolution, qui lui transmirent des notes. Aussi quiconque travaille aujourd’hui sur quelque point de la Bibliographie française, serait peu excusable de ne point consulter le livre deM. . Nous-même, nous ne craindrons pas d’avouer, à l’exemple du savant auteur du Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes, que nous y avons souvent puisé.

Desessarts, dont nous venons de parler, empruntant le titre d’un ouvrage assez répandu de l’abbé Sabatier de Castres (les Siècles littéraires de la France), indiqua les principaux ouvrages et même les principales éditions des écrivains français, depuis la renaissance des lettres, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle : mais Desessarts n’est point encyclopédique ; il se borne à peu près à la littérature ; et son travail, entremêlé de critique et de biographie, appartient plutôt à l’histoire littéraire qu’à la Bibliographie proprement dite. Les Siècles littéraires sont d’ailleurs reconnus, aujourd’hui, pour un ouvrage médiocre sous tous les rapports.

Plus tard (en 1810), un libraire de Paris, Debray, publia des Tablettes des écrivains français depuis la renaissance des lettres jusqu’à ce jour ; c’est un simple catalogue rédigé sans prétention, et pour l’utilité spéciale de la librairie ; ce but a été à peu près atteint, dans son temps, malgré l’exiguïté du volume. On peut lui adresser quelques critiques sur le plan qu’il a adopté : non seulement, comme dans le livre de M. Ersch, les auteurs sont alphabétiquement mal placés[1], mais encore a-t-il commis, comme tous ses devanciers, la faute capitale, selon nous, de mettre sous le nom

  1. Nous signalerons entre autres exemples, la bizarre idée de M. Debray, d’avoir placé à la lettre D tout le corps de la noblesse littéraire, à cause-de la particule qualificative dont on fait précéder chaque nom : c’est là qu’on doit chercher les articles Chateaubriand, Genlis, Kératry, Laplace, Pradt, Staël, Tressan, Vauban et beaucoup d’autres.