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quand, suivant ma grand’mère qui, parce qu’elle avait sans doute une nausée, tenait sa main devant sa bouche, je montai les degrés du petit théâtre rustique édifié au milieu des jardins. Au contrôle, comme dans ces cirques forains où le clown, prêt à entrer en scène et tout enfariné, reçoit lui-même à la porte le prix des places, la « marquise », percevant les entrées, était toujours là avec son museau énorme et irrégulier enduit de plâtre grossier, et son petit bonnet de fleurs rouges et de dentelle noire surmontant sa perruque rousse. Mais je ne crois pas qu’elle me reconnut. Le garde, délaissant la surveillance des verdures, à la couleur desquelles était assorti son uniforme, causait, assis à côté d’elle.

— Alors, disait-il, vous êtes toujours là. Vous ne pensez pas à vous retirer.

— Et pourquoi que je me retirerais, Monsieur ? Voulez-vous me dire où je serais mieux qu’ici, où j’aurais plus mes aises et tout le confortable ? Et puis toujours du va-et-vient, de la distraction ; c’est ce que j’appelle mon petit Paris : mes clients me tiennent au courant de ce qui se passe. Tenez, Monsieur, il y en a un qui est sorti il n’y a pas plus de cinq minutes, c’est un magistrat tout ce qu’il y a de plus haut placé. Eh bien ! Monsieur, s’écria-t-elle avec ardeur comme prête à soutenir cette assertion par la violence — si l’agent de l’autorité avait fait mine d’en contester l’exactitude, — depuis huit ans, vous m’entendez bien, tous les jours que Dieu a faits, sur le coup de 3 heures, il est ici, toujours poli, jamais un mot plus haut que l’autre, ne salissant jamais rien, il reste plus d’une demi-heure pour lire ses journaux en faisant ses petits besoins. Un seul jour il n’est pas venu. Sur le moment je ne m’en suis pas aperçue, mais le soir tout d’un coup je me suis dit : « Tiens, mais ce monsieur n’est pas venu, il est peut-être mort. » Ça m’a fait quelque chose parce que je m’attache quand le monde