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guerre ; tant que les chrétiens ne formèrent qu’une secte perdue dans l’immensité de l’empire, leurs communautés, soutenues par la ferveur du dogme nouveau, parurent florissantes ; encore n’avaient-elles d’objet que la prière, l’aumône et les repas. Celles qui voulurent y joindre l’amour tombèrent bientôt sous leur propre infamie. Le jour où le christianisme se déclara religion universelle, il abandonna son communisme, que les agitations du moyen âge ne purent ranimer, Les Moraves sont plutôt des sociétaires que des Communistes. (Voir, pour la critique de la COMMUNAUTÉ, Système des Contradictions économiques, tome II, chap. 12.)


II - La seconde manière de posséder la terre est celle que j’ai appelée, dès ma première controverse sur la propriété, possession, du mot latin possessio, qui dans la jurisprudence de l’ancienne Rome avait à peu près le sens que je vais dire.

Dans l’état d’indivision familiale, l’idée de propriété ne parait point encore, puisque tous demeurent unis à la famille, dans la communion du père. Une seule chose pourrait faire surgir cette idée : ce serait le cas où une famille empiéterait sur l’exploitation d’une autre famille. Alors l’usurpation ferait naître l’idée de domaine ; mais alors aussi le droit des gens serait changé, l’humanité subirait sa première révolution. L’humanité n’attendra pas si longtemps : l’idée du propre, en opposition au commun, va naître de la communauté même, toute seule.