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de leurs droits ; qu’elles n’ont lieu que pour des circonstances particulières, et avec un renfort de conditions qui, venant à cesser, rendent l’autorité illégitime et la communauté nulle.

En deux mots, il n’y a d’autorité légitime que celle qui est librement subie, comme il n’y a de communauté utile et juste que celle à laquelle l’individu donne son consentement. Ceci posé, nous n’avons plus qu’une chose à faire : c’est de rechercher pour quelles causes l’individu peut retirer son consentement à la communauté.

L’homme est doué d’intelligence ; il a de plus une conscience, qui lui fait discerner le bien du mal ; il possède enfin le libre arbitre. Ces trois facultés de l’âme humaine, l’intelligence, la conscience, la liberté, ne sont pas des vices, des déformations causées à notre âme par l’esprit du mal : c’est par elles, au contraire, que, selon, la religion nous ressemblons à Dieu ; et c’est à elles que la communauté ou autorité publique fait appel, quand elle nous intime ses décrets, distribue ses justices et ses châtiments. La responsabilité que la loi nous impose est le corollaire de notre libre arbitre.

S’il est ainsi, la communauté ne peut pas faire autrement que de laisser à l’individu qu’elle rend responsable une liberté d’action égale à sa responsabilité ; le contraire impliquerait tyrannie et contradiction. La communauté a même intérêt à cette liberté qui la dispense d’une surveillance onéreuse, et n’est pas un médiocre moyen de moralisation pour l’individu,