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plénitude d’autocratie qui plait au théologien, parce qu’elle est une image du gouvernement de Dieu ; que le peuple conçoit et accepte avec tant de facilité, parce que l’absolutisme est d’essence religieuse, de droit divin, est justement ce que tout le monde réprouve aujourd’hui, et que dément la théorie de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs.

L’économie politique est dans le même cas que la politique : de même que la théorie du gouvernement a pour objet de faire sortir l’État du régime de l’absolu, de même la science économique, par sa théorie des valeurs, du crédit, de l’échange, de l’impôt, de la division du travail, etc., a aussi pour objet de faire sortir les opérations de l’industrie, de l’échange, les faits de circulation, de production, de distribution, de l’absolu. Quoi de plus opposé à l’absolu que la statistique, par exemple, la comptabilité commerciale, la loi de population, le débat entre l’offre et la demande ?…

Ai-je besoin de dire que la philosophie, ou recherche de la raison des choses, est la guerre de la raison contre l’absolu ? Et la science, enfin, dont le prénom est analyse, la science est l’exclusion de tout absolu, puisqu’elle procède invariablement par décomposition, définition, classification, coordination, harmonie, dénombrement, etc., et que là où la décomposition devient impossible, où la distinction s’arrête, où la définition est obscure, contradictoire, impossible, là, enfin, où recommence l’absolu, là aussi finit la science.