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de propriétaires, est impraticable, parce qu’il manque de e généralité et de profondeur, en un mot, parce qu’il n’est point assez radical. Il en est de lui comme du DROIT AU TRAVAIL, dont personne, à la Constituante, ne contestait la justice, mais dont la codification est également impossible… »

Il y a eu un moment, au moyen âge, où l’Église était moralement souveraine. Alors, comme au temps de ses Pères, elle ne reconnaissait comme légitimes que les prêts sans intérêt. Pourquoi a-t-elle manqué de logique ? pourquoi n’a-t-elle pas compris la rente payée par le fermier ou tenancier au propriétaire parmi les intérêts déguisés qu’elle proscrivait avec saint Ambroise ? Pourquoi n’a-t-elle pas décrété :

« Tout paiement de redevance pour l’exploitation d’un immeuble acquerra au fermier une part de propriété dans l’immeuble, et lui vaudra hypothèque. »

Si l’Église avait édicté ce décret, si elle avait chargé ses clercs de le publier et de le commenter dans toutes les paroisses de la chrétienté, Jacques Bonhomme se serait donné lui-même la mission de l’exécuter. Et, au cas très probable où les pouvoirs temporels, — seigneurs, barons, comtes, marquis, ducs, rois et empereur, — s’y seraient opposés, il aurait prouvé par sa force que le pouvoir spirituel est tout lorsqu’il est dans la logique de la Justice.

L’Église n’aurait pas été vaincue, elle ne serait pas en train de perdre le pouvoir spirituel après avoir perdu le pouvoir temporel, si elle avait agi comme je viens de le dire. C’est ce qu’avaient parfaitement compris