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un bénéfice annuel supérieur. il en est du Crédit foncier comme de la Banque de France, lorsqu’elle fait des avarices sur dépôt de titres : les deux institutions ne servent ici qu’à favoriser les agioteurs et les accapareurs. Toutes deux doivent être révolutionnées, c’est-à-dire radicalement réformées.

Supposons maintenant que, le crédit gratuit, ou crédit sans intérêt, étant organisé aussi bien pour les prêts à longue échéance que pour les prêts à courte échéance, tous les travailleurs agricoles aient fini par acquérir la propriété de la terre. Les autres travailleurs, se faisant concurrence, leur vendront leurs produits à prix coûtant. Quelques-uns pourront réaliser des bénéfices, tandis que les autres subiront des pertes. Mais, alors même que ces travailleurs n’auraient pas organisé entre eux une société d’assurance mutuelle contre les risques commerciaux, le prix marchand des produits manufacturés se réglera toujours sur la moyenne des profits et des pertes.

En sera-t-il de même des produits agricoles ? Évidemment non. Ricardo l’a démontré à satiété : le prix de ces produits est réglé par leurs frais de production sur les terres les moins fertiles. S’il descendait et restait au-dessous, celles-ci ne seraient pas cultivées. Abstraction faite des propriétaires de ces terres, les cultivateurs propriétaires percevraient donc sur les travailleurs manufacturiers une aubaine plus ou moins forte, selon le plus ou moins de fertilité de leurs terres. Qu’exigerait alors la justice ? Que le prix marchand des produits agricoles soit réglé par leurs frais