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une liberté égale à celle du manufacturier. Mais elle ne se justifie plus dès que la possession existe sans la propriété, et la propriété sans la possession, dès que le propriétaire et le cultivateur sont deux personnes différentes.

D’un autre côté, — et c’est là une des antinomies ou contre-lois de la propriété foncière, — si l’on fait abstraction de la liberté du cultivateur, liberté qui n’est pas entière lorsqu’il est simplement fermier, le propriétaire oisif remplit vis-à-vis de lui une fonction justicière. Comment ? En commençant par enlever au fermier pendant toute la durée de son bail la rente ci laquelle il n’a pas plus droit que les autres citoyens j en lui enlevant ensuite la plus-value qu’il peut avoir donnée à cette rente et qu’il serait tenté de s’attribuer.

Le fermier qui s’engage à payer une certaine rente annuelle au propriétaire foncier n’a-t-il pas évalué par avarice les dépenses de toutes sortes qu’il aura à faire sur la terre pendant toute la durée de son bail ? N’a-t-il pas calculé qu’il retrouverait dans le prix marchand de ses récoltes l’amortissement intégral de toutes ces dépenses en même temps que la juste rémunération de soit travail ? J’avoue que le propriétaire foncier, qui n’a pas fait ces dépenses, et qui rentre à la fin du bail dans la possession d’une terre améliorée, d’une terre qui peut lui rapporter sans travail une plus forte rente,- n’a pas plus de droit que le fermier à profiter de cette plus-value. J’avoue que si j’étais forcé de choisir entre le propriétaire oisif et le fermier