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ipso facto, sur tous leurs achats, une économie de 4.p.100.

Or, une fois le papier de change de la Société introduit dans le commerce des nations, la Société de l’Exposition universelle gouverne le commerce du monde ; le métal détrôné ne remplit plus qu’un rôle secondaire ; la douane perd en lui sa première et principale raison d’existence ; et tandis que les protectionnistes et les libre-échangistes disputent de leurs systèmes, également faux dans leur absolu, le gouvernement, appuyé sur la nouvelle Société, suivant le mouvement qu’elle lui indique, abaisse progressivement son tarif douanier, élimine au fur et à mesure les articles que le bon marché créé par la Société protège mieux que son administration, et s’apprête à saisir la prépondérance sur l’Europe par la suppression définitive des barrières.

Nous ne pouvons, dans ce court exposé, approfondir ni même énumérer toutes les conséquences heureuses que doit développer la Société de l’Exposition, soit dans l’ordre économique, soit dans l’ordre politique et moral.

Nous aurions voulu pouvoir dire, par exemple, comment elle crée la liberté la plus complète de l’homme et du citoyen, sans aucun risque pour l’État, et au contraire avec un avantage croissant pour le pouvoir ; comment, en un mot, dans ce système de garanties réciproques, plus la liberté se manifeste par la littérature, les journaux, les discussions politiques et économiques, l’association, les réunions, etc., etc., plus le gouvernement se sent fort et à ’abri de toute atteinte.

Qu’il nous suffise, quant à présent, de rappeler ce seul fait rendu, par cet exposé, indubitable, palpable : à savoir que l’institution projetée a pour effet immédiat de convertir l’anarchie actuelle et la démagogie jacobinique en une démocratie organisée, solidaire, compacte, aussi amie de l’ordre qu’ardente au progrès, et de mettre cette démocratie travailleuse dans l’alliance du gouvernement, en opposition