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Avec la Société de l’Exposition, le parasitisme boutiquier, agioteur, est éliminé ; l’ouvrier obtenant avances de matières premières contre produits, devient, sans qu’il lui en coûte ni une minute de son temps ni un centime de-dépense, son propre marchand, son propre commissionnaire. Une part de l’énorme surcharge qui pesait sur son produit tombe dans son escarcelle ; l’autre part est bonifiée au consommateur.

Ce que nous disons de l’ouvrier en soie, il faut le dire de l’ouvrier rubanier, qui peuple les montagnes du Forez, de l’ouvrier passementier, qui jadis remplissait certains quartiers de la capitale, et que la misère, effet de l’exploitation, commence à faire défiler vers les plaines de la Picardie, où, loin des relations commerciales, se consomme son asservissement.

Il faut le dire enfin de toutes les professions où le travailleur travaille chez lui, pendant que son produit est groupé, aggloméré, agioté par les entrepreneurs spéculateurs.

13. Or, ce que le travailleur à domicile obtiendra d’emblée de la Société d’Exposition, le travailleur en atelier e manufacture l’obtiendra également, mais à une condition préalable, l’association.

Après la révolution de 1848, le gouvernement, sentant la nécessité de faire quelque chose pour la classe ouvrière, essaya de commanditer, aux frais du Trésor, quelques associations. Le succès obtenu par ce genre de secours a été plus que médiocre ; si l’État se met à commanditer le travail, l’État est perdu, et, ce qui est pis, la désorganisation se met dans la société.

En principe, l’État ne doit pas plus commanditer le travail que se faire industriel ou commerçant : son rôle est d’avertir, d’exciter, et puis de s’abstenir.

Mais que des sociétés ouvrières se forment pour l’exploitation des industries qui requièrent le travail combiné, divisé et groupé, comme celles qui, déjà en petit nombre,