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de travaux, de bâtisses, qui ne peuvent durer longtemps, et dont l’utilité douteuse rappelle involontairement aux esprits les trop célèbres ateliers nationaux !

4. Avec la demande plus considérable de travail, nonseulement la multitude des ouvriers déclassés ou chômant retrouve de l’occupation ; le taux des salaires recommence à monter : double avantage, d’un côté pour l’ouvrier, qui peut profiter de la hausse par le meilleur marché des produits et par l’augmentation de son revenu ; de l’autre, pour l’État, qui se trouve débarrassé d’une clientèle onéreuse, et qui voit s’éloigner de plus en plus le temps des chômages et des grèves. Sans intervention de la police et des tribunaux, la Société de l’Exposition, par son action économique, rétablit l’ordre dans l’atelier comme elle le fait sur le marché. Elle n’a pas besoin de regarder derrière elle ; il lui suffit de marcher.

5. Le Palais de l’Industrie a reçu, dit-on, cette année, les échantillons de vingt mille producteurs ! Prenons ce chiffre pour base hypothétique du nombre de producteurs de tout genre, auxquels ce magnifique bazar servira de montre et d’étalage ; la supposition est modeste, puisque avec l’adjonction des docks, halles et autres entrepôts, qui lui serviront d’auxiliaires, l’Exposition perpétuelle doit prendre une extension beaucoup plus considérable.

Voici donc vingt mille fabricants qui n’ont plus besoin de boutiques, et dont le commerce, parfaitement organisé, fait une concurrence sérieuse aux partisans de l’ancien système. Croit-on qu’il n’y ait pas là une force énergique pour contraindre, par les voies les plus légitimes, les propriétaires de Paris et des villes à réduire notablement le taux, vraiment tyrannique, de leurs loyers ? Croit-on que les petits magasins de détail, affiliés à la Société, ainsi que nous l’avons dit chap. IV, § 8, ne seront pas ici les agents irrésistibles de cette révolution de la boutique, aussi bien au point de vue du commerce de détail qu’à celui de la propriété ?