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les droits du tiers qui a bâti ou planté seront consacrés et reconnus ; parce que la propriété du sol n’emportera. plus nécessairement celle du dessus et du dessous ; parce que le locateur, en cas de faillite, viendra avec les autres créanciers au partage de l’actif, sans privilège ; parce qu’entre détenteurs légitimes il y aura égalité, non hiérarchie ; parce qu’au lieu de ne voir dans la propriété que la jouissance et la rente, le détenteur y trouvera le gage de son indépendance et de sa dignité ; parce qu’au lieu de n’être qu’un personnage vulgaire et ridicule, M. Prudhomme ou M. Jourdain, le propriétaire. sera un citoyen digne, conscient de son devoir comme de son droit, la sentinelle avancée de la liberté contre le despotisme et l’usurpation ? La propriété, transformée, humanisée, purifiée du droit d’aubaine, ne sera plus sans doute l’antique domaine quiritaire ; mais elle ne sera pas davantage la possession octroyée, précaire, provisoire, grevée de redevance, tributaire et subordonnée.

J’ai développé les considérations qui rendent la propriété intelligible, rationnelle, légitime, hors desquelles elle demeure usurpatoire et odieuse.

Et même dans ces conditions, elle conserve quelque chose d’égoïste qui m’est toujours antipathique. Ma raison égalitaire, anti-gouvernementale, ennemie de l’acharnement et des abus de la force, peut admettre, appuyer la propriété comme un bouclier, une place de sûreté pour le faible : mon cœur ne sera jamais à elle. Je n’ai pas besoin, quant à moi, ni pour gagner mon