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de consolidation, — comme aussi, bien entendu, s’il y avait lieu, — de réforme.

Et je puis dire aujourd’hui que, sous ce dernier rapport, je ne me suis pas trompé dans mes espérances. La théorie de la propriété, que je produis enfin, ne satisfait pas seulement à un besoin de logique auquel peu de gens sont sensibles ; elle ouvre des perspectives immenses ; elle jette un vif éclat sur la base du système social ; elle nous révèle une des lois les plus profondes de notre nature, à savoir que la faculté égoïste, que la morale antique et chrétienne, que l’instinct de toutes les premières sociétés avaient fait repousser, a été justement désignée par la nature pour être le premier représentant, le gérant du Droit.

Peut-être aurais-je mieux fait de garder le silence que d’agiter le public d’une controverse inquiétante, et qui pouvait avoir ses dangers.

À cela je réponds que mon intention était de faire appel aux savants et aux juristes ; — que j’ai posé la question en un temps parfaitement calme, 1840, en pleine paix sociale, huit ans avant la révolution de Février, alors que M. Thiers était ministre, MM. Vivien et Dufaure, avec lui ; — qu’en 1848 je me suis tenu a l’écart ; que les cris de la presse conservatrice m’ont obligé seuls à rompre le silence, et que c’est uniquement pour me défendre que je suis devenu, d’écrivain isolé, journaliste et publiciste.

Je ne crois pas que jamais philosophe ou savant ait poursuivi si longtemps une vérité, et surmonté autant d’obstacles : il m’a fallu pour cela plus que l’amour du vrai