Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée

On m’a accusé de n’avoir été, dans cette critique dont chacun peut aujourd’hui apprécier l’importance, que le plagiaire de Brissot. On dira bientôt, je m’y attends, que pour la théorie dont je viens de donner l’ébauche, je ne suis aussi que le plagiaire de quelque auteur mort-né, perdu dans la poussière des bibliothèques depuis deux ou trois cents ans. Tant mieux si l’on me trouve des devanciers ; je n’en aurai que plus de confiance en moi-même et plus d’audace. En attendant, je ne connais l’ouvrage de Brissot que par les extraits qu’en a publiés, en 1850, un M. Sudre, dans un ouvrage couronné par l’Académie française. C’était le temps où l’on appelait à la rescousse contre le socialisme la jeunesse lettrée, ou l’on prodiguait les encouragements à ceux qui brûlaient le plus d’encens devant la propriété. Il résulte des extraits publiés par M. Sudre que Brissot aurait dit avant moi, mais seulement par forme d’hyperbole et dans le feu de la déclamation, la propriété, c’est le vol ! Si c’est la priorité de l’expression que l’on revendique pour le jeune publiciste qui devint plus tard chef de la Gironde, je la lui cède volontiers. Mais Brissot n’a pas compris le sens de ses propres paroles, et sa critique est erronée sur tous les points. D’abord, en disant que la propriété est un vol, il n’entend nullement attaquer le principe de concupiscence qu’a condamné l’Évangile et duquel sont sortis ces deux équivalents économiques, le vol et la propriété : ce n’était pourtant qu’à cette condition que l’invective de Brissot pouvait avoir une valeur philosophique et être considérée