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un genre de culture ou d’industrie, surtout de première nécessité, sous le spécieux prétexte que les mêmes produits lui viendraient de l’étranger à plus bas prix. La première loi pour l’homme condamné à vivre de soit travail est de tirer parti de ce qu’il a, et de se passer du secours intéresse d’autrui. Bien plus, le grand entrepreneur dont je parle s’occuperait d’importer chez lui certaines cultures et certaines industries de l’étranger, dont les produits lui sont indispensables ; et il le ferait, tant pour s’exempter de cette espèce de tribut, que pour se créer, au besoin, une garantie contre les exigences des importateurs. Sur toute chose il se garderait d’acheter plus de marchandises qu’il n’en pourrait régulièrement payer avec ses propres excédants : ce qui exigerait de sa part un solde en numéraire, le dégarnirait de métaux précieux, et, le rendant débiteur, porterait atteinte à son indépendance politique.

Tout cela est de simple bon sens : il n’est pas au monde de négociant et d’entrepreneur qui se gouverne par d’autres principes.

Supposons maintenant qu’une révolution renversant le despote, le pays dont je viens de parler passe de l’état de communauté gouvernementale à celui de propriété. La terre est partagée, l’industrie, le commerce se répartissent entre une série d’entrepreneurs : tous, exploiteurs du sol, entrepreneurs d’industrie, armateurs, etc., sont déclarés indépendants les uns des autres, conformément à la loi de propriété. Que va-t-il arriver ? Chaque propriétaire et entrepreneur raisonnera