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de déclamations, d’équivoques, de calomnies, de sophismes, que ce n’est pas petite affaire de ramener le problème à des données claires et intelligibles.

Supposons un État, comme l’Égypte actuelle, constituée en une sorte de communisme gouvernemental, où le prince soit seul propriétaire, seul exploiteur du sol, seul manufacturier, seul commerçant, toute la nation étant fermière, ouvrière et salariée ; dans de telles conditions, la question du commerce avec l’étranger ne présenterait aucun embarras. Tous les intérêts se résumant dans un intérêt unique, personnifié dans le chef de l’État, celui-ci n’attrait à compter qu’avec lui-même, et, à moins d’erreur dans les calculs, serait sûr, quoi qu’il fit, d’agir au mieux de soit intérêt, qui serait en même temps l’intérêt général. Il parcourrait ses livres, examinerait ses prix de. revient, prendrait note de ses besoins et de ses existences ; puis il offrirait ses excédants, soit en échange d’autres produits, soit contre du numéraire. Si parmi les produits similaires de l’étranger il s’en trouvait dont les prix fussent inférieurs aux siens, il aviserait à réduire ses frais et à soutenir la concurrence ; il pourrait même, en certains cas, abandonner quelques productions désavantageuses, et se livrer de préférence à d’autres moins onéreuses et plus lucratives. Mais ce serait à la condition, bien entendu, que la nature, du pays, l’état de l’industrie, les aptitudes populaires, les facilités de transition, la somme des ressources le lui permettraient ; jamais, au grand jamais, il ne délaisserait