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de sa propriété. Là le législateur a voulu que le citoyen jouit, à ses risques et périls, de l’autonomie la plus complète, responsable seulement de ses actes, lorsqu’ils nuisent à des tiers, la société ou l’État considéré lui-même comme un tiers. A ces conditions seulement, le législateur révolutionnaire a cru que la société pourrait prospérer, marcher dans les voies de la richesse et de la justice. Il a rejeté toutes les entraves et restrictions féodales. C’est pourquoi le citoyen, en tant qu’il travaille, produit, possède, -fonction de la société, — n’est pas du tout un fonctionnaire de l’État : il ne dépend de personne, fait ce qu’il veut, dispose de son intelligence, de ses bras, de ses capitaux, de sa terre, selon qu’il lui plaît ; et l’événement prouve qu’en effet, c’est dans le pays où règne cette autonomie industrielle, cet absolutisme propriétaire, qu’il y a le plus de richesse et de vertu.

Le législateur, pour garantir cette indépendance d’initiative, cette liberté illimitée d’action, a donc voulu que le propriétaire fût souverain dans toute la force de l’expression : qu’on se demande ce qui serait arrivé s’il eût voulu le soumettre. à une réglementation ? Comment séparer l’us de l’abus ? Comment prévoir toutes les malversations, réprimer fin-subordination, destituer la fainéantise, l’incapacité, surveiller la maladresse, etc., etc. — En deux mots, l’exploitation par l’État, la communauté gouvernementale rejetée, il n’y avait à faire que cela.

Donc, que le propriétaire sépare tant qu’il voudra le produit net du produit brut ; qu’au lieu de s’attacher étroitement