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de tous les moyens mécaniques, devait être d’une lieue carrée environ, servie par une population de 15 à 1, 800 personnes de tout âge, sexe, profession et grade. Ce fut ce qui lui donna l’idée de son phalanstère. Une des causes de l’infériorité de l’agriculture en France est cet excessif morcellement, qui n’existe pas en Angleterre, pays de tenure féodale. On a songé maintes fois à prévenir cette parcellarité en facilitant les échanges de parcelles : ce qui permettrait de recomposer les héritages divisés. Rien n’a abouti. Le morcellement va son train, sans qu’on puisse l’empêcher, à moins d’une loi d’utilité publique qui porterait atteinte a la propriété.

Un autre abus, non moins préjudiciable que le précédent, est celui d’une exploitation anarchique, sans concert entre les exploitants, sans capitaux suffisants, livrée à l’ignorance et au hasard. C’est à ce mal que s’efforcent de remédier les écoles d’agriculture, les comices agricoles, les fermes modèles, le crédit foncier, etc. Sans doute, on est déjà parvenu à obtenir quelques améliorations : le progrès se fait sentir peut à peu, jusque dans les campagnes les plus reculées, et la science gagne partout. Mais il s’en faut que le remède soit à la hauteur du mal ; loin de là, il ne fait le plus souvent qu’aggraver la maladie. Il faudrait réduire l’impôt foncier de moitié : est-ce possible ? Il faudrait que les prêts sur hypothèque pussent être consentis à un et demi pour cent au plus, moitié du revenu net de la terre ; or, le taux de l’intérêt est régulièrement de cinq. Il faudrait que le petit propriétaire pût profiter