Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/150

Cette page n’a pas encore été corrigée

Italie, Caracalla à toutes les provinces. On combat la propriété par la propriété : c’est de la politique à bascule. Puis ou attaque la propriété par l’impôt ; Auguste établit l’impôt sur les successions, 5 p.100 ; puis un autre impôt sur les adjudications, 1 p.100 ; plus tard on établit des impôts indirects. Le christianisme, à son tour, attaque la propriété par son dogme ; les grands feudataires par le service de guerre les choses en viennent au point que sous les empereurs, les citoyens renoncent à leur propriété et à leurs fonctions municipales ; et que sous les Barbares, du sixième au dixième siècle, les petits propriétaires d’alleux regardent comme un bonheur pour eux de s’attacher à un suzerain. Autant, en un mot, la propriété, par sa nature propre, se montre redoutable au pouvoir, autant celui-ci s’efforce de conjurer le péril en se prémunissant contre la propriété. On la contient par la crainte de la plèbe, par les armées permanentes, par les divisions, les rivalités, la concurrence ; par des lois restrictives de toutes sortes, par la corruption. On réduit ainsi peu à jeu la propriété à n’être plus qu’un privilège d’oisif : arrivée là, la propriété est domptée ; le propriétaire, de guerrier ou baron, s’est fait péquin ; il tremble, il n’est plus rien.

Toutes ces considérations recueillies, nous pouvons conclure : la propriété est la plus grande force révolutionnaire qui existe et qui se puisse opposer au pouvoir. Or, la force par elle-même ne peut être dite bienfaisante ou malfaisante, abusive ou non abusive : elle