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se poser un problème insoluble ? La propriété, en effet, est absolue, inconditionnée, jus utendi et abutendi, ou elle n’est pas. Or, qui dit absolu, dit indéfinissable, dit une chose que l’on ne peut reconnaître ni par ses limites, ni par ses conditions, ni par sa matière, ni par la date de son apparition. Chercher les fins de la propriété dans ce que nous pouvons savoir de ses commencements, du principe animique sur lequel elle repose, des circonstances où elle se manifeste, ce sera toujours tourner dans le cercle, et s’enfoncer dans la contradiction. Nous ne pouvons pas même apporter en témoignage les services qu’elle est censée rendre, puisque ces services ne sont autres que ceux de la possession elle-même ; que nous ne les connaissons qu’imparfaitement ; que rien ne prouve d’ailleurs que nous ne puissions nous procurer les mêmes garanties, et de supérieures encore, par d’autres moyens.

Ici encore, et pour la seconde fois, je dis qu’il faut changer de méthode et nous engager dans une route inconnue. La seule chose que nous sachions nettement de la propriété, et par laquelle nous puissions la distinguer de la possession, c’est qu’elle est absolue et abusive ; eh bien ! c’est dans son absolutisme, c’est dans ses abus, pour ne pas dire pis, que nous devons en chercher la finalité.

Que ces noms odieux d’abus et d’absolutisme, cher lecteur, ne vous effraient pas mal à propos. Il ne s’agit point ici de légitimer ce que votre incorruptible conscience réprouve, ni d’égarer votre raison dans les régions