Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/104

Cette page n’a pas encore été corrigée

servitude personnelle, point de salariat, point de prolétariat, pas de réglementation : qu’est-ce que la science peut exiger de plus ? Jamais économiste prétendit-il que nos fermiers et métayers sont dans des conditions d’exploitation mauvaise parce qu’ils ne sont pas propriétaires ? Non, le fermage et le métayage sont admis par tous les économistes comme des conditions rationnelles de l’exploitation agricole. La rente foncière est admise par eux comme un des phénomènes naturels de l’économie publique, et cependant la condition des fermiers et métayers est beaucoup moins bonne que celle des possesseurs dont je parle, puisque non-seulement les dits fermiers et métayers n’ont pas la propriété, ils n’ont pas même la possession ; ils ne produisent pas pour eux seuls, comme le possesseur slave ; ils partagent avec le propriétaire. Soutenir, au point de vue économique, que la possession non abusive est défectueuse, défavorable au travailleur et à la production de la richesse, c’est réprouver le fermage, attaquer la rente, nier par conséquent la propriété : ce qui devient contradictoire.

Si la maxime Chacun chez soi, chacun pour soi peut être considérée comme une vérité d’économie politique et de droit, elle reçoit son application aussi bien avec la possession ou propriété restreinte qu’avec la propriété absolue : il y a même en celle-ci une pointe d’égoïsme féroce qui ne se trouve pas en celle-là. Au point de vue de la morale, comme à celui de la liberté, la possession est irréprochable.

Du reste, il est acquis que la possession, malgré sa modeste