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agglomération d’intérêts ne saurait se comparer, l’État est assujéti à la loi rigoureuse du Doit et de l’Avoir, ou plus simplement de l’échange.

Ceci compris, nous pouvons marcher de l’avant. Nous tenons le fil qui de station en station nous conduira hors du labyrinthe.


L’État rend ses services à prix de revient : 2e principe.


Puisque l’État n’est autre chose que la plus grande des corporations que les habitants d’un pays forment pour la garantie et le service de leurs intérêts, et qu’entre le particulier et l’État il n’existe, au point de vue de l’impôt, qu’un rapport d’échange, une question se présente aussitôt : Quel est le prix naturel des services de l’État ?

A quoi je réponds sans hésiter : L’État rend ses services au prix qu’ils lui coûtent, c’est-à-dire à prix de revient, sans bénéfice.

Sous l’ancien régime, les services de l’État, censés services de prince ou de seigneur, pouvaient s’assimiler au commerce que fait un industriel des produits de son industrie, pour lesquels il exige, en sus du prix de revient, un bénéfice. Et comme ledit prince ou seigneur, chef de l’État, était un personnage considérable, qu’il eût été inconvenant de déranger pour un salaire mesquin, on avait jugé que le bénéfice à lui accorder en sus du prix moyen de la journée de travail devait être proportionné à sa dignité et considération. De là les listes civiles, dons de joyeux avéne-