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viendrait éminemment à la Suisse, et s’harmoniserait à merveille avec son système fédératif.

Que dirai-je de plus ? La Suisse entière, le canton de Vaud pour sa part, sont la preuve vivante de la vérité de cette proposition, qu’une des conditions de l’État moderne et de l’économie des frais généraux de la société est dans la décentralisation du pouvoir. Les partisans de la centralisation politique, du gouvernement unitaire, du pouvoir fort, affirment à qui veut les entendre que la France lui doit sa prospérité, sa puissance et sa gloire. La réplique ne m’embarrasserait guère… Mais à quoi bon ? De telles récriminations sont hors de saison et seraient en pure perte. Ce qui est incontestable et qui importe davantage à notre sujet, c’est que depuis soixante ans seulement, et sans remonter plus haut que le consulat, la France doit à son système gouvernemental d’avoir vu porter son budget à 1,929 millions, non compris les octrois, soit un cinquième environ du produit collectif ; de payer, pour des dettes qui grossissent tous les jours, 562 millions d’intérêts et d’amortissement ; de posséder une féodalité industrielle pire que la féodalité terrienne, et d’être en proie à un paupérisme tellement actif, qu’on le voit d’année en année changer la classe moyenne en prolétariat.

Que la démocratie helvétienne, chassant loin d’elle toute passion cupide, tout esprit de parti et toute vaine utopie, apprenne, par l’étude calme des institutions et des faits, quelles sont les vraies conditions du bien-être des masses, du gouvernement à bon marché