Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/302

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nulle part ; que le taux des escomptes ne diminue que par la diminution des affaires elles-mêmes, et qu’à la première crise toutes ces banques s’écroulent les unes sur les autres, entraînant dans leur débâcle des milliers de victimes. C’est ainsi que les choses se passent en Amérique, pays de liberté.

Mais admettez que l’État intervenant, comme c’est incontestablement son droit, se fasse garant lui-même, et par conséquent exploiteur en titre du crédit public, quitte à se décharger du soin de l’exécution entre les mains d’une compagnie, voici ce qui va se passer, ce qui du moins pourrait se passer, si l’État le voulait bien.

Les opérations de la Banque, qui en vertu de la prérogative de l’État deviendra Banque nationale, sont rendues publiques.

Le taux de l’escompte se régularise et baisse au-dessous du taux ordinaire des banquiers : il pourrait baisser dans une banque nationale jusqu’à 1/4 et 1/8 pour 100, se réduisant aux seuls frais d’administration.

La Banque nationale devient ainsi la modératrice du crédit, et par son exemple, par sa puissante garantie, donne aux affaires une solidité qu’elles n’auront jamais autrement.

C’est ainsi qu’a été conçue et constituée la Banque de France, dont les succursales s’étendent aujourd’hui sur tous les départements, et sur laquelle pivotent toutes les banques particulières. Seulement le gouvernement français, au lieu de faire de la Banque de France une simple ferme, l’a concédée gratuitement