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on se plaindra peut-être que je m’écarte de mon sujet, et l’on m’invitera à m’y renfermer exclusivement. C’est ainsi, autant du moins, qu’il m’a été permis d’en juger d’après la relation des journaux, que s’est comporté en dernier lieu le congrès des économistes tenu à Lausanne.

Quant à moi, je l’avoue, quelque désir que j’en eusse, pareille réserve me semble impossible. La question de l’impôt et la question du gouvernement sont au fond une seule et même question ; et de même que, dans un parlement, discuter le budget c’est passer en revue la politique, l’administration et tous les actes du pouvoir, de même, pour qui voudrait traiter à fond la question de l’impôt, il faudrait examiner tout ce qui concerne l’organisation de l’État, l’importance de ses attributions, ses relations avec ses voisins, son développement historique, toutes les parties de l’administration, de la police, de la justice, de la guerre, etc.

Bien loin donc que j’aie abusé du droit qui m’appartenait d’aborder, en parlant de l’impôt, les considérations politiques, je crois avoir été d’une sobriété extrême ; je garderai cette réserve jusqu’à la fin.

Les nations doivent marcher désormais par le droit et la science, non par la raison d’État : cette maxime est essentielle aux sociétés modernes. Or, de même que la raison d’État a pour organe le Pouvoir, envahisseur de sa nature, tendant à la concentration et à l’absolutisme ; de même, le droit et la science ont