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plus grande équité de répartition que les partisans de l’impôt unique le proposent. Or, il arriverait justement, contre la prévision des auteurs, que cet impôt unique, par cela même qu’il serait unique, aurait le privilége de l’iniquité, et apparaîtrait bientôt comme le plus inique et le plus irrationnel de tous les systèmes. À cet égard, ce qui arriverait de l’impôt progressif arriverait également de l’impôt foncier, s’il pouvait être unique, et de tous les autres impôts, si l’on essayait de les transformer en impôts unitaires. Tous les impôts, redisons-le encore une fois, sans exception, sont entachés d’iniquité, aboutissent à l’iniquité. Qui ne voit donc qu’un système d’impôt unique, dans lequel se concentrerait, par le fait de l’exclusion de tous les autres, la somme des iniquités fiscales, serait un impôt d’une iniquité prodigieuse, d’une iniquité idéale, puisqu’il aurait pour effet de traduire plus violemment et de mettre plus en relief l’anomalie commune à chaque espèce d’impôt, anomalie qui se voit et se sent d’autant moins qu’elle s’éparpille davantage ? C’est ce qui a été démontré dans le précédent chapitre, d’abord, à propos de l’impôt de capitation, que nous avons supposé un instant unique ; puis au sujet de l’impôt progressif, puis au sujet de l’impôt sur le capital, puis au sujet de l’impôt sur le revenu.

Tous les impôts, disions-nous, se ramènent à une taxe de consommation, laquelle, de l’aveu des auteurs les plus accrédités, se réduit elle-même à une capitation. Il serait donc logique, et ce serait une grande