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des bestiaux, etc. Ce sera plus que jamais le pauvre qui payera l’impôt, en raison directe de son travail et inverse de son revenu. Demandez un milliard cinq cent millions à l’impôt sur le capital, au lieu de 400 millions à la terre, 60 aux patentes, 200 à l’octroi, 800 aux droits réunis, et vous avez toujours le pain à 40 centimes le kilogramme, le vin à 1 franc le litre, la viande à 80 centimes la livre, le logement à la discrétion du propriétaire. Mystification de la plèbe, partout et toujours.

Quiconque connaît M. de Girardin comprendra la séduction de cet éminent esprit. On était en 1849, au sortir d’une commotion effroyable, au début d’un nouveau pouvoir dont il semblait qu’on ne pût attendre que l’une ou l’autre de ces deux choses, la perte de la société, s’il restait fidèle à son contrat, la perte de la liberté, s’il entreprenait de sauver la société même. Le problème était de sauver à la fois et la République et la propriété, de consolider la première par la garantie de la seconde. M. de Girardin, il l’a prouvé par toute sa vie, est l’ennemi des révolutions et des coups de main ; il se croit en même temps l’homme des situations désespérées. Il s’agissait de ranimer le travail, de rétablir la circulation, de lancer les affaires, de rendre au peuple l’espérance, au bourgeois la confiance, à tous la patience ; il s’agissait surtout d’entrer dans cette voie scabreuse des réformes économiques, dont la Révolution de février avait donné le signal. M. de Girardin proposa son impôt sur le capital. Il ne voulait pas, il ne pouvait vouloir