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d’échange ramène tous les frais généraux de la société, autrement dire toutes les taxes de l’État, à une forme unique, l’impôt sur la consommation, et le fait acquitter par la masse, ce qui en fait une capitation.

Si les fortunes étaient et pouvaient demeurer égales, il est clair que l’impôt, quand même il prendrait les formes les plus hétéroclites, étant toujours reporté par les producteurs dans les frais généraux de leurs produits, et payé par tout le monde, serait égal.

Si la liberté industrielle, au lieu d’engrener ses opérations, agissait en chaque famille séparément, à peu près comme dans une tribu de nomades où chaque famille faisant exactement les mêmes choses n’a pas à se concerter avec les autres, l’impôt serait encore égal, et dans le cas où les fortunes seraient de degrés différents, il resterait proportionnel.

Enfin si l’impôt était payé par chacun en nature de services ou de produits, on ne pourrait jamais dire, quelque inégalité qu’il y eût dans l’impôt, qu’en définitive il est acquitté par la masse, que par conséquent, il se réduit à une capitation. Il serait acquitté par chacun séparément au prorata de ses facultés.

Ce sont les conditions de la société, c’est la liberté, c’est le mouvement économique et sa loi, qui ont fait l’impôt tel que nous le voyons aujourd’hui : ce qui emporte cette conséquence que, pour corriger, redresser, rectifier l’impôt et le ramener à justice, il faut ou changer l’état économique de la société, ou enrayer la Liberté et faire que les lois économiques soient autres que ce qu’elles sont, ce qui revient à