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L’autre principe d’égalisation, — il n’y en a pas un troisième, — est la justice. C’est ce principe que la Révolution française a proclamé contradictoirement au droit féodal, quand elle a dit que tous les citoyens étaient égaux devant la loi.

De l’égalité devant la loi à l’égalité des conditions et des fortunes, il n’y a que la distance du principe à l’universalité de son application. Or, parmi les moyens d’application, nous devons compter la péréquation de l’impôt.

Jetons les yeux sur le chemin que nous avons parcouru.

Sous le régime du droit divin, il n’y a pas plus de 72 ans de cela, le peuple jouissait, si nous pouvons ainsi parler, du privilége de payer l’impôt. Le noble et le prêtre en étaient exempts. La Révolution a établi en principe que tout le monde, le roi comme les autres, l’Église elle-même, Dieu en la personne de ses vicaires, seraient soumis à l’impôt. Sans doute l’application laisse à désirer : du moins le protocole, comme disent les diplomates, est ouvert, et chacun peut proposer son amendement. Le concours ouvert par le conseil d’État du canton de Vaud en est la preuve. Et tel a été l’effet de la déclaration de 89, que personne parmi les privilégiés ne songe plus à protester contre l’obligation de l’impôt. Jadis l’impôt était une extorsion commise sur le malheureux, au bénéfice et par le bon plaisir du seigneur, roi, noble ou prêtre ; le serf s’y dérobait de son mieux et il avait raison. Maintenant l’impôt est l’expression d’un