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rait pas, et qu’il est tenu de protéger par-dessus toute chose. Il pose un principe, enfin, qu’il a suffi aux novateurs les moins intelligents de l’époque de saisir, pour pousser, en trois pas, la société au bord de l’abîme.

Celui qui écrit ces lignes appartient lui-même à la classe de ceux qu’il appelait tout à l’heure les déshérités. Depuis plus de vingt ans, par pitié, par sympathie, par intérêt personnel, si l’on veut, mais surtout, osons le dire, par esprit de justice, il n’a cessé de défendre leur cause, et de dénoncer avec la plus âpre véhémence les iniquités sociales. Autant que d’autres il a réfléchi et sur la propriété, et sur la famille, et sur les successions ; aussi bien que les autres il en a reconnu, dans l’état actuel des choses, les anomalies et les abus. Eh bien, plus il a apporté d’attention à cette étude, plus il est resté convaincu que le principe de transmission héréditaire, donné d’abord par la nature ou l’instinct paternel, est en même temps une des meilleures lois de l’économie, de l’administration et de la police des sociétés ; que ce n’est pas de ce côté que nous autres gens de labeur, qui vivons au jour la journée et n’avons pas d’héritage à recueillir ou à laisser, devons chercher des réformes ; qu’il nous importe à tous, au contraire, aux exhérédés comme aux possessionnés de la civilisation, de rendre de plus en plus inviolable le principe familial et héréditaire. C’est cette conviction que, sans sortir du sujet qui nous occupe, il voudrait faire partager à ses lecteurs. Certes, il s’en faut que l’auteur de ce mémoire partage l’opinion des satisfaits, qui s’imaginent que tout